La production moyenne française de déchets ménagers tout-venant est de 27 kg/mois/personne. Ce guide vous aidera à faire une transition vers le zéro-déchet.
Je ne produits que 63g de déchets non-compostables et non-recyclables. C'est important parce qu'un tiers de nos emballages plastiques atterrissent dans les océans. Chaque seconde, le contenu de 21 camions-benne de déchets y terminent. Alors j'ai analysé nos poubelles, pesé les déchets, et voilà. J'ai sélectionné 3 actions incontournables qui permettent de réduire le poids de sa poubelle de 81%. Et 10 actions fondamentales qui permettent de la réduire encore de 80% (et descendre à 4% de la moyenne - environ 1kg/mois/personne). Les questions fréquentes ont leur réponses tout à la fin.
Les 3 actions incontournables
Incontournable #1:
Composter
Réduction de 55%
Déchets restants: 45%
Composter, c'est facile quand on a un jardin ou quand la collectivité collecte les déchets compostables, mais ce n'était pas mon cas...J'ai donc commencé un tas de compost sauvage dans un parc et deux mois plus tard, le parc avait installé un bac à compost communal (hasard ou coïncidence?). Beaucoup de communes distribuent gratuitement à la mairie soit des bacs à compost pour le jardin/balcon, soit des lombricomposteurs. Des poules font aussi un travail admirable. Dans tous les cas, on a besoin d'une mini-poubelle dans laquelle on collecte tous les déchets compostables pendant la semaine. Je mets tout dans un sac en papier (pour légumes) avec un autre au fond pour absorber un peu. Des fois, la chaleur donne des odeurs: il faut alors mettre le tout dans un bac au congélo. Je ne composte pas les serviettes ou papiers blanchis au chlore.
Incontournable #2:
Recyclage avancé
Réduction de 45%
Déchets restants: 25%
Même si tout le monde recycle, on ne le fait pas toujours bien. 20-25% de la poubelle est en fait recyclable. En essayant de bien recycler, j'ai découvert que seuls les plastiques qui portent les numéros 1 et 2 (dans un triangle) peuvent être recyclés. En règle générale, ces plastiques sont rigides (par opposition aux films, sachets et sacs plastique mais attention au polystyrène qui ne se recycle pas). Une exception cependant, ne pas recycler les bouteilles de lait en plastique brillant. Il faut vider mais pas laver. Tout ce qui est déposé dans un sac plastique partira à la décharge. Il est vital de recycler le métal ou le verre, qui reste dans la nature près de 4000 ans. Mais pas les verres (pour boire), le pyrex ou la céramique. Tout ce qui est papier ou carton se recycle sauf 3 exceptions: (1) ce qui est souillé par du gras (que je peux toutefois composter), (2) ce qui est emballé dans du plastique (je dois retirer les blisters de revue), (3) le papier-peint. Bien entendu, je collecte bien à part les matériaux dangereux comme les solvants/peintures et les batteries et piles. Les vieux vêtements et tissus vont dans la borne à textiles.
Incontournable #3:
Recyclage des DEEE
Réduction de 23%
Déchets restants: 19%
Les DEEE, c'est le matériel électrique, électronique, électroménager et informatique. Il se recycle très bien mais on peut aussi l'échanger ou le donner (recyclerie, ressourcerie, sites de dons). Si je rachète du neuf, c'est le vendeur qui a l'obligation de reprendre l'ancien appareil. Le petit électroménager (sèche-cheveux, rasoirs électriques) peut être mis dans le bac recyclage. Pour le reste, je consulte le meilleur site pour trouver la solution près de chez moi (qui dépend du produit). Le site recense aussi les solutions pour donner ou troquer son produit.
Les 10 actions fondamentales
Fondamentale #1:
Toujours avoir des couverts de voyage et un bento
Réduction de 17%
Déchets restants: 16%
Une bonne partie de mes déchets venait des emballages de déjeuner à emporter, très souvent non-recyclables (du numéro 5 ou 6), et des couverts en plastique associés. Je les remplace par un bento mais une gamelle militaire, ou un tupperware hermétique fait aussi l'affaire. L’herméticité est le critère le plus important pour empêcher les sauces de couler. J'ai toujours sur moi une cuillère de voyage et un petit couteau, choisie encore une fois pour leur légèreté. Bien entendu, il faut demander au commerçant de servir la nourriture directement dans le bento mais quand je trouve ça compliqué, je demande le repas sur place et je le transfère moi-même.
Fondamentale #2:
Bannir les dosettes de café
Réduction de 17%
Déchets restants: 13%
Economie: 65€/mois
Les dosettes de café sont de loin la pire manière de faire du café: 3 cafés par jour à 8g la capsule donne 720g de déchets non-recyclables par mois. L'argument de la qualité du café en dosettes ne tient pas: le café normal vaut 20€/kilo, le café en capsules 120€/kilo. A ce prix, autant se payer le meilleur café du monde pour 150€/kilo (Blue Mountain de Jamaique). Parmi les autres manières de faire du café, les amateurs de café choisiront peut-être la cafetière Moka, la cafetière à dépression ou une machine à Espresso, mais je m'aime le café-filtre (cafetières goutte-à-goutte, Chemex, Hario...). Les filtres (non-blanchis) se compostent avec le café mais il est encore plus simple d'utiliser un filtre permanent (goutte-à-goutte avec filtre rigide, cafetières à piston, Eva, Aéropresse, percolateur...). Le café obtenu est délicieux. Le marc se jette aussi dans l'évier (en tapissant les tuyaux, il empêche la graisse de se déposer et évite odeurs et bouchons). J'achète mon café dans des sachets en aluminium. Ceux qui veulent quand même rentabiliser leur achat de cafetière peuvent trouver ici où recycler leur capsules Nespresso et ici pour les Dolce Gusto. Les dosettes Senseo peuvent être compostées.
Fondamentale #3:
toujours avoir sur soi un sac en tissu
Réduction de 13%
Déchets restants: 11.5%
Depuis longtemps, j'ai un sac de course en tissu...chez moi. Jamais la quand on en a besoin! Puisque le sac ne pèse que quelques grammes et prend très peu de place: je ne m'en sépare plus. Il y a aussi le Furoshiki, un tissu traditionnel Japonais de forme carrée d'1m de côté. Très pratique, il permet de transporter n'importe quoi en le maintenant bien fermé, tout un art au Japon. Il fait aussi nappe, serviette, couverture de picnic. Si un commerçant me donne un mauvais regard quand je refuse un sac plastique: je prends un air choqué et lui rappelle qu'ils sont interdits par la loi (depuis le 1er juillet 2016). En général, les commerçants sont très contents.
Fondamentale #4:
réutiliser Ziploc et sacs de fruits/légumes
Réduction de 13%
Déchets restants: 10.1%
Les Ziplocs (sacs de congélation) sont conçus spécialement pour être rincés, lavés dans le lave-vaisselle et réutilisés: alors pas d'hésitation. Les sacs plastique pour fruits et légumes se rincent aussi très bien. Au supermarché, je croyais qu'il fallait forcément peser les fruits et légumes dans un sac plastique. Non! Ils seront même interdits au 1er janvier 2017. J'ai arrêté de les mettre en sacs: je pèse, colle l'étiquette sur un des produits, et pose directement dans le panier, que je renverse sur le tapis roulant. Les caissiers s'en foutent complétement. Les marchés utilisent souvent des sacs papier ou acceptent de mettre tout directement dans mon sac.
Fondamentale #5:
utiliser du matériel naturel de nettoyage
Réduction de 14%
Déchets restants: 8.7%
Les essuie-touts, les lingettes-produit et lingettes-poussière, et les éponges-pétrole peuvent facilement être remplacés par les outils adéquats en matière naturelle recyclables suivants. Pour remplacer l'éponge, j'utilise un grattoir métal pour frotter les surfaces non-rayables (métal et céramique), une brosse-bois pour frotter les surfaces rayables (verre) et un torchon pour éponger les surfaces. Pour remplacer les essuie-touts, j'utilise un torchon et un tissu microfibres pour la poussière. J'ai acheté 14 torchons et j'en utilise deux par jour (que je lave). Pour le grattoir métal, je recommande l'acier inox (ne rouille pas, ne part pas en miettes).
Fondamentale #6:
réutiliser les sacs restants comme sacs-poubelle
Réduction de 16%
Déchets restants: 7.3%
Economie: 7€/mois
Ça n'a pas de sens de collecter des tonnes de sacs plastique pour les jeter dans un plus grand sac-poubelle. Depuis que je composte, je ne produits plus de déchet qui coule à travers le sac et je peux donc utiliser les sacs plastique que j'ai en guise de sac-poubelle. J'utilise aussi les emballages plastique des rouleaux de papier-toilette, des meubles Ikea, ou de tout autre objet sur-emballé que j'ai échoué à refuser: il faut juste ouvrir l'emballage sans l'arracher. Les déchets à recycler ne doivent pas être emballés dans des sacs (les agents du recyclage n'ouvrent pas ces sacs: ils les envoient à la décharge).
Fondamentale #7:
ne plus boire dans des récipients plastique
Réduction de 15%
Déchets restants: 6.2%
Economie: 10€/mois
Il s'agit des gobelets plastique pour le café qui doivent être recouverts d'un capuchon-plastique. J'ai deux solutions: la mason-jar et la gourde métal. La mason-jar est un pot en verre complètement hermétique, contrairement au meilleur gobelet. Je suis sûr qu'aucun plastique ne se dissout dans mon café et je peux mélanger le contenu en secouant. Pour remplacer les nombreux aller-retours à la fontaine à eau, j'utilise une gourde métal. J'ai choisi la Klean Kanteen parce qu'elle n'a pas de revêtement plastique interne, pas de caoutchouc hermétique (qui transfère le goût du café à l'eau), et qu'elle est expédiée sans plastiques. Finalement, j'ai été surpris par la réaction des commerçants quand je leur demande d'utiliser ma mason-jar ou ma gourde. Le patron est aux anges et s'empresse de me donner une réduction ou un cadeau. En fait, le café ne lui coûte presque rien et la moitié du prix du produit vient de l'emballage.
Fondamentale #8:
ne plus acheter de viande sur polystyrène
Réduction de 18%
Déchets restants: 5.1%
La viande ou le poisson de supermarché est souvent conditionné sous plastique et sur du polystyrène, l'un des pires polluants puisqu'il reste dans la nature plus de 1000 ans. Pourtant, il y a presque toujours des bouchers/poissonniers en rayon qui attendent que je leur demande de découper. Je leur précise bien d'emballer la viande, dans du papier et le tour est joué. De même pour le poisson.
Fondamentale #9:
Cuisiner
Réduction de 13%
Déchets restants: 4.4%
Je veux dire acheter des produits frais plutôt que des produits industriels sous plastique. Il y a un vrai plaisir à faire le marché mais je trouve plus pratique et moins cher d'obtenir des produits frais de saison par une amap ou par la ruche-qui-dit-oui . Avoir un livre de recettes de saison facilite grandement l’éternel "que vais-je manger?". Sans compter l'argent gagné puisque la plupart des plats préparés industriels sont plus chers.
Fondamentale #10:
N'acheter que des yaourts en verre
Réduction de 13%
Déchets restants: 3.8%
Un des gros problèmes des pots de yaourt en plastique, c'est que le gras rend toute opération de recyclage impossible. Ce n'est pas le cas du verre. Oui, les pots de verre sont un peu plus chers mais c'est là où l'on peut utiliser l'argent économisé par les autres actions. Perso, je lave les pots et les réutilisent pour faire grandir de petites plantes par exemple, mais certains en font des mini-vases.
FAQ: Questions-Réponses
Q: C'est quoi un déchet?R: tout ce qui ne se composte pas, ne se recycle pas, et termine dans une poubelle ou dans la nature.
Q: Pourquoi passer au zéro-déchet?
R: La moitié des déchets français finissent en décharge, pourrissent en dégageant des gazs à effets de serre, s'envolent vers la mer, forment des continents marins de plastique, s'accumulent dans les poissons pollués que nous mangeons. L'autre moitié est incinérée, produisant des fumées toxiques pour les riverains et un réchauffement climatique pour tous.
Q: Zéro-déchet, c'est cool mais c'est quand même plus important de manger bio, de manger moins de viande et de manger local, non?
R: Oui c'est vrai! Donc je fais tout ça aussi. J'ai une hiérarchie de priorité: lorsque j'ai le choix entre deux produits, un zéro-déchet pas local ou un local avec un emballage-déchet, je préfère prendre le local. Je ne suis pas un extrémiste du zéro-déchet mais considère qu'il y a des déchets qui ont une vraie raison d'être et d'autres qui sont totalement évitables.
Q: Et le papier-toilette, tes excréments, tes médicaments? C'est pas des déchets peut-être?
R: Ce sont les déchets non-évitables dont je parlais: mes déchets corporels. Par contre, je ramène mes déchets de médicaments en pharmacie.
Q: Qui es-tu pour me dire quoi faire?
R: Je n'embête pas les autres avec le zéro-déchet: il s'agit d'un choix personnel. Je vis mieux, je pollue moins, j'ai plus d'argent et ça me suffit. Je publie cet article à la demande de mes amis.
Q: Et si je t'offre un cadeau plein d'emballages, tu vas me vomir?
R: Je ne suis responsable que de ce que j'ai choisi d'acheter. Offre-moi un cadeau non-recyclable, et je l'apprécie sans retenue. Si tu m'offres un repas chez toi, tu es responsable de mes déchets. Je suis par contre responsable des cadeaux que j'offre et des déchets de mes invités. De même, j'aime aller de temps en temps au restaurant et je ne peux pas être responsable des déchets que les cuisiniers/gérants produisent. C'est à eux d'effectuer la démarche.
Q: Comment as-tu obtenu les données que tu présentes ici?
R: Il n'y a presqu'aucune donnée fiable (à ma connaissance) concernant la production détaillée de déchets. J'ai pris le parti de réflechir en terme de fréquence de consommation moyenne, quand les données de production moyenne de déchet n'existent pas. J'ai utilisé des données-types représentatives d'une personne française, et j'ai pesé les déchets qui en résultent, en ajustant la consommation de manière à coller à ma moyenne de déchets de 27kg par mois. Ma personne-type est une femme adulte, qui ne se maquille pas, sans enfants, sans animal de compagnie, non-fumeur, en excellente santé. Evidémment, il s'agit d'une vue de l'esprit et cette personne-type n'existe pas. Je publie ici cette consommation-type, par mois et par personne.